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Youssef Chahine

Article publié le 29 Juillet 2008
Par Jean-Luc Douin
Source : LE MONDE
Taille de l'article : 1002 mots

 
Extrait :

Considéré comme la conscience cinématographique du monde arabe, le réalisateur égyptien laisse une oeuvre riche, marquée par la quête d'un cosmopolitisme heureux et la haine de tous les fanatismes. Il incarnait l'Egypte comme Satyajit Ray incarna l'Inde ou Sembene Ousmane l'Afrique. On le considérait comme la conscience cinématographique du monde arabe. Youssef Chahine, dit « Jo », lutin malicieux et polémiste enflammé, sourd comme un pot et fumant comme un pompier, est mort dimanche 27 juillet, à l'âge de 82 ans, après avoir passé six semaines dans le coma à la suite d'une hémorragie cérébrale. Il s'est éteint à l'hôpital militaire de Maadi, dans la banlieue du Caire.

 

 

Youssef Chahine, la conscience cinématographique du monde arabe

Il incarnait l'Egypte comme Satyajit Ray incarna l'Inde ou Sembene Ousmane l'Afrique. On le considérait comme la conscience cinématographique du monde arabe. Youssef Chahine, dit "Jo", lutin malicieux et polémiste enflammé, sourd comme un pot et fumant comme un pompier, est mort dimanche 27 juillet, à l'âge de 82 ans, après avoir passé six semaines dans le coma à la suite d'une hémorragie cérébrale. Il s'est éteint à l'hôpital militaire de Maadi, dans la banlieue du Caire.

Né en 1926 à Alexandrie, cet Oriental jovial, amateur de vin blanc, qui, dans les grandes occasions, égayait son smoking d'un énorme nœud papillon jaune canari, hérita d'un fourbi familial multilingue : chrétien non maronite par ses grands-parents paternels libanais, grec par son grand-père maternel, syrien par sa grand-mère maternelle, plaideur d'instinct par son père avocat. Alexandrie, la ville d'enfance, carrefour de cultures, est la plaque tournante de sa vie et de son œuvre. Il lui consacra une trilogie autobiographique, commencée à la suite d'une opération à cœur ouvert, en 1977, dont il était sorti ragaillardi : "Je n'ai jamais eu peur de la mort, je ne l'ai jamais entendue venir. La seule chose qui m'effraye, ce sont les fanatiques."  Film polyphonique, Alexandrie pourquoi? (1978) rend hommage à ces romances orientales à deux sous qui bercèrent son jeune âge, autant qu'aux comédies musicales américaines des années 1930 et 1940 qui le firent rêver. Cet hymne à l'art est aussi un hymne à la paix, un éloge de l'amour et de l'éclosion des sens, l'épanouissement des corps, une mise en cause de tout ce qui attise les intolérances : la crispation sociale, politique, ethnique, sexuelle. Il fête l'union entre deux hommes, entre un Arabe et une Juive, entre un pauvre et une bourgeoise Rythmé par la voix envoûtante d'Oum Kalsoum, Alexandrie encore et toujours (1990) plonge à nouveau dans les songes du cinéaste, ses engagements artistiques et ses élans amoureux. Sautant du gag au clin d'œil, en passant par la nostalgie, il y sublime sa passion pour son acteur fétiche par un cocktail kitsch : confession teintée de dérision, comédie musicale, péplum, dessin animé, documentaire social. Alexandrie… New York (2004) met en scène sa jeunesse aux Etats-Unis, lorsqu'il partit à 17 ans apprendre le métier d'acteur dans un institut d'art dramatique de Los Angeles, avec l'ambition de jouer Hamlet.

A ce triptyque, il convient d'adjoindre La Mémoire (1982), où l'évocation de son passage au bloc chirurgical sert de prétexte à une remontée dans le temps : autopsie d'un gamin chaplinesque, d'un jeune homme shakespearien, sursaut d'un corps refusant de rendre l'âme, litanie de refus, celui d'abdiquer de faire des films, ceux ressentis devant certaines décisions du régime de Nasser, la défaite de son peuple lors de la guerre des Six-Jours ou le comportement d'Israël au Liban.

FÉRU D'ARABESQUE ET DE DIVERTISSEMENT SUBVERSIF

Revenu, donc, en Egypte en 1948 après ses apprentissages américains, Youssef Chahine réalise son premier film en 1950 (Bapâ Amîne) – "Je n'étais qu'un gamin avec de grandes oreilles, comment a-t-on pu me faire confiance?" – et enchaîne les œuvres alimentaires, d'où surnagent Les Eaux noires (1956), premier film arabe à évoquer la vie ouvrière. Mélange de néoréalisme et de baroque, son premier film d'auteur s'appelle Gare Centrale (1958) : il y interprète lui-même un vendeur de journaux, infirme et schizophrène, devenu criminel, dans un mélo où la misère, les luttes syndicales, les symptômes sociaux sont accouplés avec cette autre obsession du cinéaste qu'est le fétichisme, le regard voyeur sur un corps convoité. Car le héros, ce Quasimodo à pulsion scopique, est amoureux d'une beauté torride qui lui préfère l'Apollon du quartier.

Après Saladin (1963), péplum nationaliste, Un jour, le Nil (1964), coproduction égypto-soviétique conforme aux modèles de réalisme socialiste et renié par le cinéaste, La Terre (1969), récit d'une révolte paysanne contre un bey à l'époque féodale, Le Moineau (1972, mais bloqué deux ans par la censure) analyse la débâcle de l'armée égyptienne durant la guerre des Six-Jours en 1967 : gangrène, corruption, mensonge rongeant les hautes sphères du pouvoir, pourrissement de l'Etat par les affairistes.

Chahine poursuit sa fresque sur l'Egypte de Nasser avec L'Aube d'un jour nouveau (1974), radiographie sociale très critique de son pays, et Le Retour de l'enfant prodigue (1976), film iconoclaste où il prend le parti du fils prodigue en question, déserteur saltimbanque, garant d'une résistance aux extrémismes et aux compromissions.

En 1985, Adieu Bonaparte retrace en parallèle la conquête de l'Egypte par le conquérant français (que Patrice Chéreau campe comme un homme ridicule), et les divergences entre trois frères, l'un persuadé que les troupes étrangères menacent l'islam, l'autre idéaliste naïf et le troisième adepte du métissage, de l'entente entre les races. L'année suivante, il offre un rôle superbe à la chanteuse Dalida, native du Caire, dans Le Sixième Jour, mélodrame sur fond d'épidémie de choléra situé en 1948 et inspiré d'un roman d'Andrée Chedid. Cette parabole sur la survie interroge l'époque actuelle (les conflits créés par la création d'Israël) à travers la question palestinienne et la présence britannique.

Youssef Chahine a des démêlés avec les islamistes fanatiques à cause de L'Emigré (1994), portrait trivial, à peine déguisé, du prophète de l'Ancien Testament Joseph, et apologie des penseurs en quête de leur épanouissement personnel, qui s'enrichissent de la culture des autres. Défiant la fatwa de l'université Al-Azhar, sourcilleuse gardienne de l'orthodoxie musulmane, le film lui vaut un long procès, à l'issue duquel le long métrage est jugé "blasphématoire" et interdit temporairement en Egypte, jusqu'en mars 1995. Ironie, L'Emigré sera le plus grand succès de Chahine en Egypte, avec ses 2 millions d'entrées. Un succès presque égalé par son film suivant, Le Destin (1997), un péplum philosophique sur le grand humaniste musulman Averroès et une réponse réjouissante aux intégristes.

Suivront L'Autre (1999), déclaration de guerre à la mondialisation via l'histoire de deux amants séparés par leurs entourages corrompus et fondamentalistes, et Silence… on tourne (2001), où il exalte l'Egypte d'antan, ses villas et ses divas, son cinéma populaire avec chanteuse, gigolo, carton pâte et happy end. Féru d'arabesque et de divertissement subversif, Chahine mena de pair un cinéma du "moi" romantique, une quête d'un cosmopolitisme heureux, un mélange de fascination pour Hollywood et une méfiance de l'Amérique, une haine de tous les fanatismes.

 

ARTICLE : 25 janvier 1926 Naissance à Alexandrie (Egypte) 1950 Premier film, "Bapâ Amîne" 1969 "La Terre" 1977 Opération à cœur ouvert 1978 "Alexandrie pourquoi?" 1982 "La Mémoire" 1990 "Alexandrie encore et toujours" 2004 "Alexandrie… New York" 27juillet 2008 Mort, dans la banlieue du Caire


 

Jean-Luc Douin

http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/07/28/youssef-chahine-la-conscience-cinematographique-du-monde-arabe_1077821_0.html

 

 

Youssef Chahine s'est à plusieurs reprises exprimé dans la presse française. Florilège de ses déclarations.

Le cinéma. "Si je fais un film ennuyeux, ça ne marche pas. Personne ne va au cinéma pour prendre un cours." (Le Monde, 17 mai 1997).

L'Amérique. "Je n'ai pas de haine contre l'Amérique, j'aime trop de choses dans ce pays, je n'oublie pas que j'ai été formé et déniaisé là-bas. Mais je suis en colère contre son administration. Après les horribles attentats du 11-Septembre, c'était bouleversant de voir les Américains sous le choc, ne comprenant pas les causes de ce déferlement de haine. Sans légitimer cette violence, je pense savoir d'où elle vient. en lisant dans la presse comment les terroristes ont subi des lavages de cerveau, j'ai retrouvé la trame de mon film Le Destin. Quand à la collusion des milliardaires avec le terrorisme, je l'ai implicitement montrée dans L'Autre. Bush est d'une arrogance pas croyable ! S'il veut des tribunaux militaires, qu'il demande des conseils à Moubarak, ça fait vingt ans qu'il les utilise avec le succès que l'on sait : l'Egypte n'a pas fini d'en finir avec les intégristes. Je ne pense pas que ce soit la meilleure façon d'imposer la justice et la démocratie dans le monde." (Le Monde, 14 décembre 2001.)

Les fanatismes. "La force du cinéma, c'est de briser la solitude sur laquelle s'appuie le fanatisme religieux. Dans la salle obscure, le spectateur se sent protégé par les gens autour de lui qui expriment les mêmes sentiments que lui. C'est un peu comme lorsque se crée un syndicat. Cela donne confiance en soi et dans les autres." (L'Humanité Hebdo, 6-7 octobre 2001.)

Amour. "Je suis un sensuel. Je vais vers les gens, je n'ai pas de limites. En Orient, nous manquons de technologie mais nous sommes plus civilisés dans les relations humaines. Si on a honte de dire "je t'aime", c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas. On peut aimer Oum Kalsoum et Dalida à la même seconde, celui qui y voit du symbolisme est un con. La diversité des amours ne veut pas dire que l'on aime moins. Je peux aimer plusieurs choses à la folie, la folie noire." (Libération, 19 juin 1990.)

 

YOUSSEF CHAHINE

La haine du fanatisme

Article paru dans l'édition du 29.07.08





 
es funérailles du cinéaste égyptien Youssef Chahine (ci-dessus en 1995), mort au Caire dimanche 27 juillet, à l'âge de 82 ans, devaient avoir lieu ce lundi dans la cathédrale grecque-catholique de la capitale égyptienne. Il devait être enterré à Alexandrie, sa ville natale, à laquelle il a consacré une trilogie autobiographique. Les hommages se sont multipliés en France et en Egypte pour saluer celui qui incarnait la conscience cinématographique du monde arabe. Issu d'un milieu cosmopolite, francophone et francophile, cet amoureux d'un cinéma populaire n'a cessé, dans ses films, de pourfendre la corruption, l'intégrisme religieux, l'injustice sociale, l'intolérance. Il s'était attiré la colère des islamistes et la méfiance du régime d'Hosni Moubarak.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_breve/1,13-0,37-1045422,0.html

 

 

Point de vue
De quoi Siné est-il le nom ?, par Bernard-Henri Lévy
LE MONDE | 21.07.08 | 13h53  •  Mis à jour le 21.07.08 | 18h41

ette affaire est tout de même extraordinaire.

 

Voilà un humoriste - Siné - qui donne à son journal une chronique où il dit, en substance, que la conversion au judaïsme est, dans la France de Sarkozy, un moyen de réussite sociale et qu'il préfère "une musulmane en tchador" à "une juive rasée" (sic).

 

 
Voilà un directeur - Philippe Val - qui rappelle au chroniqueur le pacte fondateur qu'est, pour Charlie Hebdo, leur journal, le refus catégorique de toute forme d'antisémitisme ou de racisme et qui lui demande, en conséquence, de s'excuser ou de s'en aller. 

Et voilà la blogosphère, puis la presse, qui, au terme d'un renversement des rôles ahurissant, transforment l'affaire Siné en affaire Val et, au lieu de pointer, analyser, stigmatiser, le dérapage du premier ne s'intéressent plus, soudain, qu'aux "vraies" raisons, forcément cachées, nécessairement obscures et douteuses, qui ont bien pu pousser le second, voltairien notoire, apôtre déclaré de la liberté de critique et de pensée, défenseur en particulier des caricaturistes de Mahomet, à réagir, cette fois, en censeur offusqué (la main du "lobby" ? celle de Sarkozy lui-même ? un règlement de comptes inavoué et dont l'humoriste ferait les frais ? tout y est passé, jusqu'à la nausée...).

A ce degré de confusion, la mise au point s'impose - et, sine ira et studio, sans colère ni enthousiasme, le rappel des principes simples que l'on a, dans cette empoignade, tendance à perdre de vue.

1. La critique voltairienne des religions, de toutes les religions, est une chose - saine, bien venue, utile à tous et, en particulier peut-être, aux croyants eux-mêmes. Le racisme, l'antisémitisme, en sont une autre - odieuse, inexcusable, mortelle pour tout le monde et que l'on ne saurait, en aucun cas, confondre avec la première.

La distinction n'était pas si nette chez Voltaire qui était, comme chacun sait, raciste et antisémite. Elle l'est depuis Voltaire, chez les meilleurs de ses héritiers et, en particulier, dans le journal de Philippe Val. Les vraies Lumières ? Les Lumières de notre temps ? Critiquer les dogmes, pas les personnes.

Bouffer du curé, du rabbin, de l'imam - jamais du "Juif" ou de l'"Arabe". Etre solidaire, bien entendu, de caricaturistes qui se moquent du fanatisme et le dénoncent - mais s'interdire, fût-ce au prétexte de la satire, la moindre complaisance avec les âmes glauques qui tripatouillent dans les histoires de sang, d'ADN, de génie des peuples, de race. C'est une ligne de démarcation. Soit, à la lettre, un principe critique. Et c'est là, dans le strict respect de cette ligne, qu'est, au sens propre, la pensée critique.

2. La question n'est pas de savoir si tel ou tel - en l'occurrence Siné - "est" ou "n'est pas" antisémite. Et l'on se moque bien des brevets de moralité que croient bon de lui octroyer ceux qui, comme jadis pour Dieudonné ou, plus tôt encore, pour Le Pen, disent le connaître "de longue date" et savoir "de source sûre" que l'antisémitisme lui est étranger.

Ce qui compte ce sont les mots. Et ce qui compte, au-delà des mots, c'est l'histoire, la mémoire, l'imaginaire qu'ils véhiculent et qui les hantent. Derrière ces mots-là, une oreille française ne pouvait pas ne pas entendre l'écho de l'antisémitisme le plus rance.

Derrière cette image d'un judaïsme tout-puissant auquel un Rastignac contemporain se devrait de faire allégeance, elle ne pouvait pas ne pas reconnaître l'ombre de notre premier best-seller antisémite national : "Les Juifs, rois de l'époque", d'Alphonse Toussenel (1845). C'est ainsi. C'est affaire, non de psychologie, mais d'acoustique, donc de physique, de mécanique.

Et quand on est face à ça, quand on voit un vieil humoriste - qui, en effet, ne sait sans doute pas vraiment ce qu'il dit - manipuler des chaînes signifiantes qui ont toujours, partout, avec une régularité implacable, mis le feu dans les esprits, la juste attitude n'est pas de minimiser, ratiociner, discuter à perte de vue des dosages respectifs, dans l'énoncé incriminé, du poison de la haine et de l'excipient gentiment ricaneur - elle est de déclencher, sans attendre, ce que Walter Benjamin appelait les "avertisseurs d'incendie".

3. L'antisémitisme - comme, naturellement, le racisme - est un délit qui ne souffre ni circonstances atténuantes ni excuses. La chose devrait aller de soi. Hélas, ce n'est pas le cas. Car il y a une excuse au moins qui, depuis l'affaire Dreyfus, semble marcher à tous les coups et instaurer une sorte de clause de la haine la mieux autorisée.

C'est celle qui consiste à dire : non à l'antisémitisme, sauf s'il s'agit d'un grand bourgeois, officier supérieur de l'armée française. Ou : non à l'antisémitisme sauf si l'enjeu est un symbole du Grand Capital, un banquier juif, un ploutocrate, un Rothschild. Ou : sus à l'antisémitisme, cette peste des âges anciens que le progressisme a terrassé - sauf s'il peut se parer des habits neufs d'un antisarkozysme qui, lui non plus, ne fait pas de détail et ne recule devant rien pour l'emporter.

Ainsi parlait Alain Badiou quand, dans un livre récent, De quoi Sarkozy est-il le nom ?, il s'autorisait de sa juste lutte contre l'"immonde" pour réintroduire dans le lexique politique des métaphores zoologiques ("les rats"... "l'homme aux rats"...) dont le Sartre de la préface aux Damnés de la terre avait pourtant démontré, sans appel, qu'elles sont toujours la marque du fascisme.

Et ainsi pensent aujourd'hui, non seulement les "amis" de Siné pétitionnant à tour de bras en sa faveur, mais tous ceux qui, sous prétexte que le Rastignac qu'il avait en ligne de mire était le propre fils du Président honni, sont comme tétanisés et interdits d'indignation - vieux reste d'antidreyfusisme ; dernière perle lâchée par l'huître d'un guesdisme dont la doctrine était qu'il y a un bon usage, oui, des pires maladies de l'esprit ; misère.

4. S'il y a bien un argument que l'on a honte d'avoir à entendre encore dans la bouche de ceux qui trouvent qu'on fait à Siné un mauvais procès, c'est celui qui plaide : "Siné est un vieux libertaire, un attardé de l'anarchisme, un rebelle - comment voudrait-on que cet homme-là trempe dans cette saloperie ? comment ose-t-on confondre sa révolte tous azimuts avec cette passion ciblée qu'est la fureur antisémite ?"

Eh bien justement. Cet argument est lamentable car il ignore tout des ambiguïtés d'une tradition dont une des spécialités a toujours été, justement, de passer de la rage tous azimuts à sa concentration antisémite : les anarcho-syndicalistes du début du XXe siècle ; les partisans de l'action directe proposant, soixante-dix ans plus tard, de "jeter" les Juifs sur "le fumier de l'Europe" (Ulrike Meinhoff, dirigeante de la Bande à Baader)...

Cet argument est pitoyable car il fait, ou feint de faire, comme si l'esprit de révolte, le non-conformisme, étaient un imparable vaccin contre ces tentations funestes : c'est faire bon marché du courant dit, précisément, des "non-conformistes des années 1930" et de l'énergie qu'il mit à fournir à l'antisémitisme de son temps ses armes et ses raisons (il convient, sur le sujet, de lire et de relire le classique de Jean-Louis Loubet del Bayle)...

Cet argument est dénué de sens, enfin, car il laisse supposer qu'un homme de gauche, un progressiste, serait immunisé, par nature, contre le pire : or on sait que, s'il n'avait, ce pire, qu'une vertu, ce serait de brouiller, pulvériser ce type de frontière et de provoquer, de gauche à droite, un chassé-croisé sémantique permanent, vertigineux, terrible (des fameuses "sections beefsteak", brunes dehors, rouges dedans, nées de l'entrisme communiste dans les organisations de masse hitlériennes jusqu'au recyclage, par l'islamo-gauchisme d'aujourd'hui, des scies de l'ultradroite, les exemples, hélas, abondent)...

5. Un tout dernier mot. Il faudrait, ânonne l'opinion, veiller à ne pas tomber dans le conformisme d'un politiquement correct, voire d'une police de la pensée et du rire, dont le seul effet sera d'empêcher les humoristes d'exercer leur libre droit de se moquer de tout et de tous. Soit. Sauf que, là aussi, il faut s'entendre. Et oser, surtout, poser la question. Et si "politiquement correct" était aussi le prédicat d'un discours et, en la circonstance, d'un humour qui s'interdirait le racisme, l'antisémitisme, l'appel au meurtre ?

Et si cette volonté de rire de tout et de tous, tranquillement, sans entrave, exprimait juste la nostalgie du bon temps de la blague à l'ancienne, bien grasse, bien salace, quand personne ne venait vous chercher noise si l'envie vous prenait de vous lâcher contre les "ratons", les "youpins", les "pédés", les femmes ?

Et si les temps, précisément, avaient changé et qu'il appartenait aux humoristes, non moins qu'aux écrivains, aux artistes, de prendre acte de ce changement en admettant qu'on ne rit plus aujourd'hui, ni tout à fait des mêmes choses, ni tout à fait de la même manière, qu'au temps des années 1930 ou 1950 ?

Allons, Siné. Tu as encore le choix. Ou bien la répétition, le stéréotype, le même éternel retour du même humour de cabaret qui ne te fait, j'en suis sûr, plus rire toi-même - mécanique plaquée sur du vivant, ignominie couplée avec du cliché, gâtisme assuré. Ou bien changer de disque, inventer, te libérer et faire de ton humour l'aventure d'une liberté retrouvée et ajustée aux libertés du jour - jeunesse à volonté, talent, modernité.

Je ne pense pas qu'on en ait "trop fait" sur cette affaire Siné. Aussi minuscule qu'elle semble, c'est une de ces "sécrétions du temps" dont Michel Foucault disait qu'elles n'ont pas leur pareil pour refléter, condenser, télescoper, l'esprit et le malaise d'une époque.


Bernard-Henri Lévy est philosophe.

 


 
Article paru dans l'édition du 22.07.08

Les multiples visages de Youssef Chahine

 

 

 

Zum Tode des ägyptischen Filmregisseurs Youssef Chahine
 

Er hatte eine Stimme, in der viele Register mitschwangen - Nachsicht und Bestimmtheit, Ungeduld und Großzügigkeit, vor allem aber Wärme. Er sprach gern, aber das Reden halten lag ihm nie. Das überließ er den Politikern, denen er zeitlebens in herzlichem Hass verbunden war. Jetzt ist der ägyptische Regisseur Youssef Chahine im Alter von 82 Jahren in einem Krankenhaus in Kairo gestorben. Seine Fans nannten ihn "Joe", wochenlang beteten sie für ihn, in arabischer, französischer und englischer Sprache. Nun bleibt seine Zuschauergemeinde verwaist zurück.

In der arabischen Welt war Chahine eine Vaterfigur, eine Rolle, mit der er mitunter haderte, die er aber auch beschwor. Wie der Schriftsteller Nagib Machfus, von dem er auch Romane verfilmte, brauchte Chahine die Nähe zum Publikum. Er sah sich als Künstler und als Erzieher, als Seher und Weltweiser sogar, aber er verriet das Kino nicht an seine Mission. In "Das Schicksal" von 1998, einem der wenigen Chahine-Filme, die ins deutsche Kino kamen, wird seine Botschaft in einer prallen Parabel erzählt. Im Andalusien des 12. Jahrhunderts, dem letzten Sommer der Toleranz zwischen Christen, Muslimen und Juden unter der Herrschaft der Almohaden, siedelte Chahine sein Idealbild einer menschlichen Gesellschaft an.

Tanz, Musik, die Liebe und die Lust am Lernen bestimmten das Leben im Umkreis des Philosophen Ibn Ruschd, genannt Averroes. Ihm hat Chahine mit diesem Film ein Denkmal gesetzt, mit ihm mag er sich zu dieser Zeit identifiziert haben. Die Feinde der Toleranz lauern in "Das Schicksal" schon vor der Tür. Menschenfänger, Gehirnwäscher, Verführer der Jungen - die Sekten, die demjenigen das Paradies versprechen, der sich zum Mörder machen lässt. Einzig die Sprache der Lebenslust bietet den Lebensverächtern die Stirn. Chahines Sensualismus war eine ethische Haltung.

.....

Wie schon in früheren Filmen zieht Chahine eine Verbindungslinie zwischen sexueller Frustration und Brutalität. Wer nicht liebt, foltert, ganz gleich ob Nazi, Kommunist oder Fundamentalist.

Youssef Chahine konnte in seinem langen Leben viele Gesichter des Hasses studieren. Der 11. September verschlug ihm die Sprache - zunächst. In seinem Beitrag zu dem Gemeinschaftswerk "11/09/1", in dem elf Regisseure auf den elften September reagierten, inszenierte er 2002 seine Sprachlosigkeit auf einer fiktiven Pressekonferenz. In der Rolle eines Regisseurs, den er selbst spielte, verließ er das Podium.

 

http://www.welt.de/welt_print/arti2257295/Sommer_der_Toleranz.html

 

 

Hässlich, homosexuell und politisch

Seine kuriose Herkunft, sein buntes Leben und seine Stärken und Schwächen hat Chahine in seiner Autobiografie, einer Trilogie, gezeigt. Ihr schönster Film ist der erste: «Alexandria, warum?» (1978). Der Titel deutete Chahines zwiespältige Liebe zur Hafenstadt und seine immerwährende Sehnsucht nach ihr an. 1926 wurde er dort in einer katholischen Familie libanesischer Herkunft geboren. Zeitlebens sah man ihm an seiner hellen Haut, der grossen Nase und den dicken Warzen im Gesicht den Levantiner an. Ach, wie gern wäre Chahine schön gewesen, doch was war er hässlich! Wohl deshalb wählte er als Darsteller des jungen Chahine den hübschen, begabten Mohsin Mohieddin. Der blieb lange Jahre Chahines Muse, denn der Regisseur war zwar verheiratet, aber homosexuell.

http://www.nzz.ch/nachrichten/schweiz/kampf_fuer_aufklaerung_und_toleranz_1.793746.html

 

المص

 

 

27. Juli 2008 Der Film „al-Massir“ (Das Schicksal) beginnt mit Bilder einer öffentlichen Verbrennung. Drei christliche Häretiker – wir sind im zwölften Jahrhundert – stehen in einer südfranzösischen Stadt auf dem Scheiterhaufen, ringsum eine gaffende Menge. Das Feuer erstickt die Schreie der Sterbenden, zuletzt sieht man ihre verkohlten Leichname an den Pfählen hängen. Die nächste Einstellung führt ins islamische Córdoba. Ibn Rushd, der Philosoph, den die Christen Averroës nennen, sitzt im Kreis seiner Familie. Seine Kinder helfen ihm bei seinen Studien, während der Kalif Al-Mansur seine schützende Hand über ihn hält und ihn zum obersten Richter macht. Doch religiöse Fanatiker hetzen gegen den Philosophen; schließlich sorgen sie dafür, dass Ibn Rushd ins marokkanische Exil gehen muss. Nur in seinen Studenten lebt sein freiheitlicher Geist noch einige Zeit weiter.

„Al-Massir“, 1997 gedreht, ist in seiner formelhaften Bildersprache, der Statuarik der Schauspieler und der Feierlichkeit der Dialoge ein für Youssef Chahine untypischer Film. Dennoch war es der erste Spielfilm Chahines, der – durch den Enthusiasmus eines Freiburger Kleinverleihs – je in die deutschen Kinos kam; von den dreißig Filmen, die der ägyptische Regisseur zuvor seit 1950 gedreht hatte, war nur ein kleiner Teil im Fernsehen gelaufen. Im Nachhinein gesehen hat es gleichwohl seine Richtigkeit, dass Chahine bei uns durch „al-Massir“ entdeckt wurde. Denn dieser Film ist mehr als ein Geschichtsbilderbogen: Er ist ein verschlüsseltes Porträt seines Regisseurs.

http://www.faz.net/s/Rub8A25A66CA9514B9892E0074EDE4E5AFA/Doc~E02486F315B054BB69157D909C24FC093~ATpl~Ecommon~Scontent.html?rss_googlefeed

 

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